Insolites
Partir de Marrakech vers le Toubkal une bouffée de nature et d'étoiles
La tentation était grande de passer un mois de juin 2014 « culturel » ponctué d'activités de farniente, transat, massage ou rien. Le choix était vaste. A Marrakech, du rire et du cirque, entrainé par un Jamel Debbouze toujours sautillant. Essaouira, la mer et les Gnaouas, l'eau et le feu, la foule qui se laisse entrainée vers les mystères que révèlent les rythmes étranges venus d'un lointain passé. Fès, qui raisonne des accents Soufis, voyage vers le sacré et l'universalité de l'homme ou plus prosaïquement le Fashion Day 2014, pour découvrir que le Caftan est un art et qu'il peut vous transformer en Shérazade d'un jour. Sans oublier l'incontournable fête de la World music à Rabat-Salé, Mawazine 2014.
C'est vrai que tous ces évènements sont des concentrés qui permettent de découvrir en un instant un pan d'une culture ou une brève de tradition, mais si l'on a le temps pourquoi ne pas le prendre. Ce n'est pas un choix facile, on doit laisser derrière soi des habitudes tenaces. Par exemple prendre un avion, s'installé dans son hôtel, appeler un taxi et attendre son tour pour s'installé dans un fauteuil, voir, peut-être écouter et retourner à son hôtel avec le sentiment d'avoir fait quelque chose qui change un peu.
Mais la décision est prise. Marrakech sera juste une pose, deux nuits de transition, pas mal déjà, au cœur de la médina, le riad s'avère charmant, délicieusement confortable, une manière de se couler dans le rôle avec douceur. Départ tranquille au petit matin, une ou deux heures de voitures, puis muni de son sac à dos et de son sac de couchage, dans un petit village berbère, on prend possession de sa monture. C'est merveilleux un âne, ça déambule lentement, c'est même confortable, on peu descendre en marche sans aucun risque et si l'animal ne veut plus avancer c'est qu'il faut prévoir une halte.
Le Parc National du Toubkal, son éco musée, ses villages ocre, sa bio diversité et ses silences foisonnants sont un vrai voyage de la nature. Culminer à plus de 4000 m c'est se sentir devenir grand, apprendre que l'espace existe encore, et s'apercevoir que ce monde grandiose recèle une culture ancestrale étonnante de richesses et des paysages qui rappellent que la nature est une artiste extraordinaire.
Mais l'émotion la plus forte, la vision la plus magique, c'est peut-être le soleil couchant sur une kasbah accrochée à la montagne. On est assis sur un rocher juste en face, le soleil allume un feu sur les murs de pisé, la kasbah s'enflamme d'un feu qui ne détruit pas mais fait exulter les formes et les matériaux. C'est une vision hypnotique que l'on peut faire durer jusqu'à la nuit. Puis on découvre que les étoiles n'ont pas disparues (non pas celles du Festival du Film de Marrakech, les autres…) elles sont les points glacés qui illuminent le ciel par million, elles sont bienfaisantes et nous rappellent que l'infini s'imagine et se rêve.