Insolites
La Place Jamaa El Fna les Djinns Victor Hugo et Saint Augustin
Sortons un peu des sentiers battus. Oublions pour quelques instants les guides touristiques qui font « la route avec un sac à dos » et l’incontournable « conseiller » du web qui ressemblent plutôt à des directeurs de conscience terriblement « dirigistes ». Voyons comment on peut découvrir le Maroc, en commençant par Marrakech, plus exactement sa célèbre Place et se découvrir citoyen du monde.
Il faut bien entendu trouver d’autres guides. Facile. Avant de partir une balade dans « Les Orientales » de Victor Hugo. Un poème, Les Djinns. Voilà quant même un homme qui savait surprendre. Inconsciemment, on l’imagine plutôt courbé vers une tombe à l’aube, sous un petit crachin désagréable, les cheveux blancs et la barbe triste, la main soutenant un crâne qui semble trop lourd, le contexte semble purement franco-occidental. Que nenni, il y a de la fureur le dessous, il y a de l’universel dans ce crâne.
Ensuite, au détour d’une lecture tout à fait accidentelle, on découvre que Saint Augustin, lui-même en personne était Berbère (bizarre on avait l’impression qu’il était de Mont de Marsan !). Comme on savait déjà, vaguement, que le Christ était Essénien (Bethléem, au début on croyait que c’était la caverne dans le sud de la France avec les dessins rupestres…), les questions commencent à poindre. Après avoir réfléchi et éliminé des contrées instables, on décide, en toute liberté, de venir voir de plus près les fameux Djinns et les mystérieux Berbères, intuitivement persuadé que derrière tout cela, se cachent quelques vérités sur nos racines.
Il est important d’avoir, comme base avancée, la Medina, ses ruelles étranges, ses souks et ses riads, cela agit comme une potion magique, en quelques heures, l’esprit est nettoyé des scories du monde « moderne ». A « l’heure incertaine » où le jour hésite à laisser sa place à la nuit, la déambulation peut commencer. Après les délicieuses grillades de chez « Aïcha » (n°1, tout droit en sortant de l’avenue des Princes), l’observation perplexe et légèrement inquiète de l’homme qui vend des dents et des dentiers usagés, l’enregistrement inconscient de tambours manipulés par des hommes étranges, avec comme couvre-chef une calotte dont le sommet tourne inlassablement, la découverte, enfin, d’un cercle mouvant et frémissant, resserré autour d’un individu qui parle, qui parle, sa voix est presque diabolique, elle crée des images et des présences ! (même si on ne comprend pas l’arabe). C’est un conteur, il fait dans la satire sociale depuis bientôt quatre siècles, mais il fait aussi dans l’ésotérisme et le ténébreux. Premier contact avec les Djinns, mon voisin sursaute et regarde par-dessus son épaule puis me chuchote, Essaouira, Gnaouas, Hahas, Rif, Moussems, Berbères et retourne à son affaire.
Le voyage commence, avec juste comme guide touristique des mots. Au retour, si l’on a bien suivi les petits cailloux, on est réconcilié avec soi-même et avec les autres. On sait que l’on est citoyen d’une terre qui s’appelle la planète, bien plus vaste que son petit clocher délimité par l’habitude, la facilité ou l’auto satisfaction.
http://patrick.fermi.free.fr/djinn.htm
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/les_djinns.html