Insolites
La lagune de Naà�la, un joyau préservé de la nature
Dans le parc national de Khnifiss, entre Tan-Tan et Tarfaya, la lagune de Naïla, un bras de mer qui s'infiltre sur 20 kms dans le Sahara, est un véritable paradis, un microcosme bouillant de vie végétale et animale. Les petits recoins préservés de la nature deviennent si rares et si précieux que nombre d'associations et de gouvernements s'allient pour essayer de les protéger. Mais la mission est souvent difficile, la lutte est très inégale face aux grandes industries désincarnées qui n'ont qu'une religion, le profit.
L'écotourisme est un vocable inventé judicieusement pour que chacun se sente concerné par la course à la préservation de notre planète malade. La vrai efficacité tient à la motivation de chaque individu, force au combien plus réelle et plus importante et les associations l'ont parfaitement compris. C'est en éduquant et en créant des réflexes simples que l'on obtient des résultats tangibles. Cette mode du tourisme vert, équitable, durable, peu importe le mot employé est pour une fois une mode utile. Il y a encore quelques dizaines d'années la lagune de Naïla serait morte sur l'autel du profit, probablement transformées en marina géante ou en résidence « tout confort et tout compris » pour retraités aisés. Heureusement il n'y a pas de poches de pétrole dans la région de Tan-Tan, une chance, sinon rien n'aurait pu empêcher le pire.
Le Maroc, qui est un pays raisonnable et conscient des enjeux pour l'avenir, mobilise une énergie considérable pour mettre en place une structure cohérente et réfléchie, dans tout le pays, du Plan Vert Maroc à l'énorme site solaire de Ouarzazate en passant par les projets Grand Sud. La lagune de Naïla mérite pleinement que l'Unesco et les pouvoirs locaux s'y soient intéressés. Ce paradis aquatique est un miracle de beauté grandiose. Ce bras de mer nonchalant s'étire entre des falaises époustouflantes et des dunes spectaculaires qui donnent à l'ensemble une ambiance un peu lunaire faite de sécheresse aride et de vie bouillonnante. On ne compte plus les espèces d'oiseaux qui y nichent ou ne font qu'y passer. Les poissons qui frétillent par six mètres de fond sont pléthore et font la joie des quelques pêcheurs autorisés à exercer leur passion.
Découvrir un pays c'est bien sûr partir vers la culture pour la comprendre, mais c'est aussi sur une planète devenue si petite, s'approprier des lieux, les aimer et en parler. Chaque ilot préservé devient la propriété de chacun qui en est en quelque sorte responsable. La lagune de Naïla est enchanteresse, propice à l'envol de l'imaginaire. C'est le sentiment d'appartenance à un équilibre que l'on ressent en premier puis vient la joie de se sentir en liberté, de pouvoir embrasser l'espace d'un seul regard et de se croire seul, enfin. Couché dans une barcasse qui ondule mollement, le vent pour compagnon, une force nouvelle nous envahie, la force cosmique.