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Le Festival International du Film de Marrakech 2014 le japon en lumière
L'art cinématographique a une qualité particulière, celle de pouvoir, grâce aux images, concentrer pour mettre en lumière, donner un relief instantané à ce que l'on ne connait pas ou mal. Le Festival du Film de Marrakech, qui a acquis ses lettres de noblesse au fil du temps, pour se hisser au rang des festivals qui compte, nous offre à chaque édition une vision d'un monde. L'année passée c'est l'Inde qui a brillée sous les projecteurs, un pays si vaste qu'il dilue dans son immensité l'idée même d'un peuple, d'une unicité. Le Japon qui sera l'invité 2014 à Marrakech est au contraire petit et concentré et tout aussi obscur à notre entendement.
Il y a ce que l'on croit savoir, des données disparates et fragmentaires. Dans le même sac on met, les samouraïs, les ninjas, l'acharnement au travail, les jardins, la culture de l'équilibre et du beau qui voisine avec une certaine forme de sauvagerie. Pas facile de faire le tri et d'envisager une silhouette de ce peuple qui nous parait si étrange, vu d'Occident. En nous offrant une rétrospective su cinéma japonais, le Festival de Marrakech va peut être permettre d'y voir plus clair. Les regards et les postures que révèle le cinéma sont des instantanés qui ont quelquefois plus de force que la parole, l'idée semble naître de la fulgurance de cet art très particulier.
Le pays du Soleil Levant est déjà une énigme quant on aborde la notion de religion. Ce n'est pas, comme l'Inde, qui fourmille d'une multitude de pratiques, souvent extrêmes et réductrices, c'est au contraire une concentration ouverte qui part du Bouddhisme, passe par le Shintoïsme, effleure mystérieusement la religion Hébraïque ou Chrétienne. Il ne semble pas y avoir d'impossibilité pour un japonais, de naître Bouddhiste, de mourir Shintoïste et de se marier en Chrétien. C'est tout à fait atypique, si l'on considère les grandes religions monothéistes, dont la principale qualité, qui leur est commune, n'est pas vraiment l'ouverture vers l'autre.
Il y a aussi cette amour de l'harmonie ou plutôt la tentative de reproduire à titre individuel l'harmonie présumée de la nature. Les jardins japonais sont beaux, surtout par leur dépouillement, un jardin de simples pierrailles en terrasse où coule une fontaine discrète c'est tout à fait le contraire de l'exubérance, c'est une vision épurée du monde naturel, une recherche de la quintessence quoi vaut philosophie, au sens premier de Pythagore. Vient se mêler l'art du combat, qui est en réalité une recherche du moi, apprendre à accepter ses propres peurs, se connaitre en tant que tout, seule solution pour vaincre un ennemi, quoi ou qui qu'il soit.
Et vient se greffer sur cet ensemble de mystères, la notion de travail, ou plutôt de l'effort pour être le meilleur partout et à tout instant. Même pour faire du tourisme, il faut le faire avec sérieux, tout voir et tout photographier, se débrouiller tout seul et se fondre dans le décor. En décembre prochain, une partie du voile qui recouvre le Japon sera certainement levée grâce au cinéma. A vos agendas.
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