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Tanger 2014 un Salon du livre et des arts sous le signe de Janus
Depuis de nombreuses décennies, Tanger, entre Occident et Orient, offre son double visage et si elle fut longtemps un territoire imprécis, une terre phantasmatique, elle a aujourd'hui parachevé sa gémellité. Le thème de cette 18ème édition, qui se tiendra du 7 au 11 mai, « Afriques », cache sous ce vocable lapidaire, un monde en construction pour demain.
Il fut une époque, pas si lointaine, où, traverser la méditerranée depuis l'Europe, pour rejoindre ce port, signifiait un peu partir pour Katmandou, la perversité en plus. Avant d'appartenir pleinement au Maroc et au continent africain, elle fut la terre de toutes les dérives. On y croisait aventuriers en rupture, mais aussi artistes en recherche d'une nouvelle naissance, où tout simplement oisifs en quête d'émotions factices. Il n'est guère aisé de gérer une double appartenance, entre deux mondes, deux cultures, une ambivalence dont l'équilibre est très instable. C'est chose faite.
Toujours Janus, elle a tout simplement construit sa réalité autour de ce concept. Tanger Med, mégapole industrielle et commerciale et Tanger l'artiste, ou comment rêver l'Afrique et lui donner corps. Et s'il y a un « s » à Afrique c'est qu'elle est aussi multiple que Tanger est double.
Le Maroc, lui-même, a eu quelques difficultés à se concevoir africain. Et pourtant, nul ne doute que ses racines s'y abreuvent. Les soubresauts sont nombreux mais le continent africain est en construction, il est en devenir. L'édition 2014 du salon international du livre de Tanger se veut une plate forme de réflexion, constater ce qui a été fait et ce qui reste à faire pour bâtir cette entité. La passerelle qui relie l'Occident et la terre africaine est économique certes, mais le plus important reste l'humanisme au sens de la reconnaissance d'une humanité différente et diverse sur laquelle il faut compter pour demain.
Mais n'oublions pas la première étape, le livre, l'art, la création. Les écrivains qui trempent leur imaginaire dans leur double appartenance viendront donner leur vision du voyage de l'esprit. Il est aussi un personnage, qui sera à l'honneur pendant cet évènement, Edmond Amran El Maleh. Il a été, par sa singularité multiple et il reste par son héritage, très représentatif de cette diversité qui peut si facilement s'incarnée. Voilà, en un seul homme, un tel mélange que l'on ne peut l'affubler d'aucune étiquette si ce n'est celle de l'universalité.