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Casablanca ou Fès ? Le rire ou la spiritualité ?
Le Maroc est décidément un pays de contraste où l'on ne peut s'ennuyer. On risque même d'être débordé. Au mois de mars la biennale de Marrakech régale, interpelle ou étonne, c'est ludique, ça se déguste à son rythme, sans contrainte et sur 1 mois on a le temps…
Puis en avant toute vers Casablanca pour le festival international du rire 2014 du 2 au 4 avril et sans pouvoir reprendre haleine le festival de la culture Soufie du 12 au 19 avril. Une toute autre affaire, c'est concentré et ça nécessite une immersion, un rien de sérieux, mais si, le rire c'est sérieux, et beaucoup d'oubli de son quant à soi quotidien. Alors tout de suite, on objecte, rire et culture Soufie, les antipodes de l'intellect, l'antinomie totale, que nenni. Au contraire, tout cela est logique, construit et parfaitement bon pour la santé mentale et physique.
En plus, la programmation des deux évènements est parfaite. D'abord le rire, quelquefois chargé de larmes, c'est au premier niveau, on n'analyse pas, mais on se libère de charges négatives. Puis la culture Soufie, peu à peu on découvre que ce n'est pas de l'autre que l'on a souri mais de soi-même.
Le rire est un contre pouvoir immédiat qui permet d'être iconoclaste, rebelle ou désespéré sans pour autant être mis au pilori (enfin pas toujours…il y a des loupés…). C'est un exutoire simple, dont le mécanisme est très compliqué et qui semble avoir été offert uniquement à l'être humain. Justement parlons-en de l'être « dit humain ». Il est égoïste, violent, jaloux, peureux et j'en passe. Il refuse d'obéir si l'ordre est trop direct, même si il ne sait pas pourquoi, il nie l'évidence avec aplomb et pour lui apprendre la moindre chose il faut faire montre de ruse. D'où le rire, le message passe, c'est indolore et inodore, il en reste toujours des bribes qui vont se loger dans l'inconscient et y rester.
Voilà le sujet préparé à l'aventure de la spiritualité, mais il ne le sait pas. Il arrive à Fès en pensant venir voir et entendre des « gourous », un peu magiciens et très « décalés ». Il n'en est rien. La Soufisme est un apprentissage, une quête vers ce qui est meilleur pour l'individu donc utile pour la collectivité. Avec le Soufisme, on se transforme pour transformer l'autre ou plutôt tous les autres. Le contraire parfait de nos désastreuses cultures de masse !
Et pourquoi avoir commencé par le rire ? Parce que l'homme, en général, manque cruellement de recul et de bon sens, le rire fait son office comme l'œuf cru, gobé avant une fête. C'est l'esprit plus vif, plus critique, plus lucide que l'on doit se présenter devant le Soufisme. Le but n'est pas de tomber à genoux en psalmodiant que Dieu existe. Il s'agit simplement de révéler l'homme à lui-même pour qu'il en fasse… ce qu'il peut…