Festival des Andalousies Atlantique 2013 : histoire, mémoire et musique

L'Association Essaouira Mogador, instigatrice du festival, toujours prête à révéler au grand public autant de talents que d'idées, nous offre, pour les dix ans des Andalousies, un cadeau de mémoire et d'histoire. L'histoire ne serait pas sans la mémoire, mais la mémoire fait-elle l'histoire ? Pour le Maroc, oui la mémoire est même son histoire. Les cultures qui s'y sont croisées sont d'une grande diversité. L'influence subsaharienne, les berbères, les juifs, les arabes, un mélange qui pourrait être détonant, il n'en est rien. Le Maroc est probablement le pays le plus ouvert et le plus tolérant du Maghreb, la mémoire a bien fonctionné, l'histoire le dit. Le festival des Andalousies Atlantiques 2013 se veut emblématique du pays. C'est exactement le mot utilisé par les organisateurs et il est d'une grande justesse. Essaouira est une habituée de  ces manifestations aux tons de liberté créatrice et d'universalité sans ostentation. La petite cité maritime, sous l'impulsion de l'Institut Français et de son complice en libre imaginaire, l'Association Essaouira Mogador, n'a jamais déméritée. L'air du large est valable pour les poumons comme pour le cerveau. Un bon charivari de temps en temps permet de rajeunir des idées qui ont tendances à se racornir et se dessécher  si l'on y prend garde.

Les jeunes talents et les stars confirmées,  qu'ils soient juifs ou musulmans, seront ensemble sur la scène pour perpétuer cette culture musicale et poétique judéo-marocaine qui est l'âme du pays. Le Samaâ et le chant andalou seront à l'honneur et c'est avec logique que le flamenco viendra taper du talon sur la scène pour compléter le tableau et ponctuer les notes avec force. Estrella Morente, digne fille de son père, fera vibrer la scène de ses accents de nostalgie, de violence et d'amour qui sont les banderilles du flamenco.
Dar Souiri recevra aussi les confréries et les écoles de musiques, les débats tourneront autour de l'histoire, de la mémoire et  du lieu et un hommage à la cinéaste Izza Genini pour son œuvre.

La mémoire est comme un mille-feuille, les strates qui le composent, sous l'effet de la crème finissent par se mélanger, le goût s'en trouve modifié, c'est bon, même délicieux, mais c'est différent. L'histoire n'est que la partie immergée de la mémoire, mais les deux sont indissociables, un peuple ne peut marcher vers son avenir qu'en se souvenant de son passé pour en faire une histoire, la sienne.


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