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Samedi 12 mai: Colloque du Musée Berbère du Jardin de Majorelle
Le nouveau musée Berbère du jardin de Majorelle est l’instigateur d’un projet scientifique tout autant qu’humaniste, dont ce colloque intitulé « Les Berbères aujourd’hui au Maroc », qui se tiendra samedi 12 mai à 11h30 à l’Institut Français, sera la première pierre. Cette année verra le lancement du premier cahier du musée Berbère, parution de recherche scientifique qui met en lumière la culture berbère. Le colloque prévoit des tables rondes animées par Salima Naji, anthropologue et architecte à Rabat et Ahmed Skounti, chercheur à l’INSAP de Rabat.
Ce peuple est un mystère, ses racines s’enfoncent très profondément dans la nuit des temps, mais sa culture orale est aussi sa plus grande faiblesse. L’alphabet berbère, le Tifinagh, a bien failli disparaître des mémoires, trop archaïque pour perdurer. L’Institut Royal de la Culture Amazighe l’a dans les années soixante actualisé et modernisé. Il est aujourd’hui utilisé au Maroc et donne au monde Berbère un avenir qui passe immanquablement par la chose écrite.
Sans pouvoir réellement dater l’émergence de la culture Berbère, sa présence au Maghreb et en Afrique subsaharienne semble largement antérieure à la Rome antique. Les Touaregs, les Rifains, les Kabyles, les Chleuhs et les Amazighs, si différents soient-ils, sont tous Berbères et leur point commun peut se résumer par un simple vocable : liberté.
L’organisation sociale des tribus est à elle seule une interrogation, des chefs élus et non pas cooptés. Un acharnement à ne jamais pouvoir s’allier, à préférer les structures éclatées qui essaiment sans s’agglomérer. Une capacité à prendre dans les cultures qu’ils croisent, ce qui leur convient et à délaisser le reste. Et cet autre mystère non encore élucidé, une analogie étonnante avec le monde Celte et particulièrement dans le domaine des signes utilisés pour éclairer une abstraction. Lorsque l’on sait que les pictogrammes celtes ont une similitude avec le sanscrit, on est pris de vertige.
Le projet initié par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent est d’envergure. Il s’agit de dessiner une silhouette réaliste d’une civilisation aux coutumes si longtemps préservées uniquement par le biais du conte, du chant et des poèmes qui s’échangeaient autour d’une fête ou dans un moussem. Il faut remonter le temps, de manière rigoureuse, avec la précision et l’impartialité du chercheur tenace.
Belle aventure qui rendra ses lettres de noblesse à une culture millénaire et offrira aux Berbères d’aujourd’hui l’assise de l’histoire pour marcher vers l’avenir, soutenu par la puissante aura de leurs ancêtres.