La ville des artisans
Fès est un merveilleux tableau impressionniste aux couleurs moirées, qui s'est construit siècle après siècle.
Ville de culture et de spiritualité, ville d'artisans et d'art, Fès la Zaouïa, à la fois sanctuaire pour les Soufis et vivier de la culture judéo-islamique par l'héritage de Maïmonide, elle a une histoire et elle est l'histoire.
La médina- Fès El-Bali, préservée en l'état depuis le XIIe siècle, la plus grande du Maroc, classée au patrimoine mondial, abrite une très forte concentration d'artisans de tous les corps de métier.
Elle est un véritable poumon économique, avec plus d'une centaine de métiers représentés. Un patrimoine inestimable de savoir faire ancestral et un levier extraordinaire qui a de tous temps permis à Fès de rayonner et de se développer.
La médina est organisée géographiquement par corps de métier, suite logique à la structure des corporations qui selon une pyramide simple et efficace suivent le fil de la compétence et de l'expérience.
De l'apprenti à l'Amine en passant par le Sanaï, les ruelles grouillantes de la vieille ville résonnent des marteaux, métiers à tisser traditionnels et autres instruments d'un autre âge capables de performances inégalées entre les mains d'hommes de l'art qui puisent leur inspiration dans les racines d'un passé glorieux.
Les quelques trente mille artisans à l'œuvre rivalisent de créativité, d'originalité et de qualité pour offrir le plus beau, vitrine spectaculaire d'un Maroc qui réussi à s'insérer dans la modernité en préservant l'héritage d'un passé de raffinement fastueux.
Le travail du cuir, un spectacle étrange. Des préparations aux couleurs vives et tranchées dans des cuves à perte de vue, les hommes penchés sur leur activité, concentrés, aux gestes précis, les odeurs fortes, animales, sous un soleil trop généreux, et le produit fini beau et doux, fin et élégant.
Le bois, merveilleuse matière première, qui en passant par les mains expertes des artisans, devient Moucharabieh, dentelle à la géométrie improbable. Lorsque le bois se pare de peintures délicates qui éclairent des formes étonnantes, il s'agit du Zouak.
Le métal, plus particulièrement le cuivre, pour sa grande sensibilité à la lumière, qui devient autant d'objets d'une finesse et d'une originalité rare.
La poterie bien sûr, fer de lance de la céramique du pays. Des couleurs qui ravissent l'œil, des formes dont la simplicité ne saurait cacher la complexité et la précision du travail.
La tapisserie, le Zellig, les mosaïques, renommés dans tout le pays et au-delà, toutes ces activités qui ressemblent terriblement à de l'art s'offrent avec générosité dans toutes les ruelles de la médina où se perdre signifie découvrir et s'émerveiller.